Éditorial
Collègues DDEN, reprenez courage !
L’année scolaire 2013-2014 a été moins chargée pour les DDEN de l’Aube que la précédente (année du renouvellement quadriennal et du Congrès National à Troyes).
En juin 2014, le Congrès s’est tenu à Paris dans le cadre prestigieux de l’Hôtel de Ville. Les congressistes ont été honorés de la venue, le dimanche matin, du ministre de l’Education Nationale du moment, Benoît Hamon. Ceci montre qu’au ministère, le rôle des DDEN en faveur de l’école publique est reconnu.
En réponse aux questions qu’on nous pose parfois, sur un ton dubitatif, « Qu’est-ce les DDEN ? A quoi servent-ils », rappelons leurs principales attributions, les visites d’écoles et la participation aux conseils d’écoles, le rôle de médiateur entre les enseignants, les parents, les élus, la participation à la vie scolaire en général, la défense des valeurs républicaines.
Dans le cadre de leur participation à la vie de l’école, ils ont été concernés par la réforme des rythmes scolaires décidée par le ministère et par l’organisation des activités périscolaires mises en place par les municipalités.
Après la mise en route volontaire dans l’année 2013-2014, en 2014-2015 la réforme est devenue obligatoire partout. Les réticences exprimées, voire la franche hostilité manifestée dans certaines communes s’apaisent peu à peu, même s’il subsiste encore des mouvements d’humeur ici ou là. Concernant la crainte de dépenses trop lourdes, l’aide financière promise par le ministère aux communes, aide abondée par la C.A.F., pour la 1ère année, puis pour la 2ème, va être prorogée durablement.
Il est évidemment plus facile d’organiser des activités en milieu urbain qu’en milieu rural, c’est pour cela qu’un décret pris par Benoît Hamon autorise le regroupement des dites activités en une après-midi. Il est regrettable que de grandes villes aient utilisé ce décret qui n’était pas prévu pour elles!
L’un des objectifs de la réforme était de réduire les inégalités entre enfants des communes urbaines et enfants des communes rurales. Elles n’ont pas disparu, mais elles sont atténuées, les communes rurales étant obligées de mettre en place des activités là où auparavant il n’y avait rien. La participation d’associations compétentes (La Ligue de l’Enseignement, la FDMJC, l’AFR …) facilite les choses.
Cependant, l’objectif principal était de réduire la durée de la journée de classe, trop lourde, en revenant à la semaine de 4 jours et ½ (la règle il y a 6 ans). Or parents et enseignants déplorent la fatigue des enfants, obligés de se lever tôt 5 matins de suite. En cause, le choix de faire la classe le mercredi matin alors que le choix du samedi aurait été plus bénéfique pour les enfants, mais l’intérêt des adultes, justifié par différents motifs, l’a emporté.
Les enquêtes effectuées lors de visites d’écoles et les renseignements recueillis lors des conseils d’écoles indiquent des progrès sensibles en matière de sécurité, mais en revanche, un recul de la prévention en matière de santé, la raison principale étant la difficulté à recruter des médecins et des infirmières scolaires, les postes offerts ne sont pas tous pourvus.
Les DDEN sont en général bien acceptés dans les écoles. Ils ont souvent été invités aux réunions concernant l’organisation des activités périscolaires. Cependant ils sont parfois oubliés par des élus quand des manifestations concernant l’école sont susceptibles de les intéresser. Cela suffit-il pour expliquer les difficultés rencontrées pour recruter de nouveaux collègues ? Faut-il se consoler en constatant que ce phénomène concerne l’ensemble du monde associatif ? La situation économique et sociale actuelle entraîne le repli sur soi et, en même temps le développement du communautarisme, et du même coup, celui de la xénophobie, de l’antisémitisme, du racisme. Ce n’est pas nouveau, mais les violences augmentent, témoin la stupéfiante et scandaleuse agression, à leur domicile, d’un couple de Juifs. Violence inquiétante, et non moins inquiétante en même temps, la faiblesse des réactions de l’opinion publique, faiblesse de réactions déjà constatée quand la ministre de la justice avait été victime d’injures racistes, comme si la violence se banalisait ! C’est pour cela que le rôle du DDEN est important quand il défend les valeurs républicaines, la liberté (d’opinion, d’expression, de mouvement, etc.), l’égalité des droits (quelles que soient les convictions philosophiques ou religieuses, quel que soit le sexe, quelle que soit l’ethnie), la fraternité, et la laïcité, la laïcité toujours plus ou moins bafouée, car rappelons que dans l’ouest de la France des communes n’ont toujours pas d’école publique, des cantons pas de collège public, ou encore (ce qui vient d’entraîner des dépôts de plaintes) que des crèches, symboles chrétiens, soient installées dans l’espace public (mairie de Béziers, mairie de Marseille, au nom de « la tradition » (les protestataires étant qualifiés de « laïcards »).
Ces valeurs républicaines, c’est à l’école qu’il faut d’abord les enseigner, c’est là que les enfants, futurs citoyens, doivent apprendre à vivre ensemble en se respectant mutuellement. Nous, DDEN, restons vigilants !
La Présidente
Raymonde CHARPENTIER
PS. Nous ne pensions malheureusement pas, au moment où était rédigé cet édito, que notre inquiétude serait à ce point justifiée par ces horribles attentats perpétrés les 7, 8 et 9 janvier. Par contre, les réactions universelles et massives témoignées sont réconfortantes. Nous espérons que ce ne sera pas qu’un feu de paille.